Nahel, 17 ans, a été filmé en train d’être abattu par un policier lors d’un contrôle de police, ce qui a provoqué la colère de nombreux Français qui ont protesté par des actions violentes.
Dans un 1er temps, le président reconnaît la bavure
Les images parlaient d’elles-mêmes, le policier n’était pas dans la trajectoire de la voiture et a tiré pour empêcher le jeune de s’enfuir. La peine de mort pour éviter un délit de fuite, cela paraît très disproportionné. Pendant que l’enquête avance, voyons d’un peu plus près comment la France a sociétalement réagi à ce meurtre et à ces émeutes.
Quand les images tombent, toute la France est choquée. Le président lui-même, dans un fait extrêmement rare, reconnaît le drame. On espère alors qu’il va enfin agir sur l’immense problème des violences policières qui gangrène la France, particulièrement depuis l’arrivée au pouvoir de Macron avec ses méthodes particulièrement inhumaines, en l’occurrence l’utilisation de LBD en pleine foule, ce qui interdit partout en Europe, et l’utilisation de grenades explosives qui ont arraché les mains de nombreux manifestants. Sans parler des nombreuses interdictions de manifester, des arrestations massives et arbitraires, même parfois préventives, comme dans le film de science-fiction Minority Report.
Depuis ce temps, on attend qu’un événement qui dépasse les bornes le force à reprendre forme humaine dans sa stratégie de répression du peuple. Le meurtre policier de Nahel a semblé l’être. Emmanuel Macron a eu peur du soulèvement populaire, de la critique de sa politique répressive violente, et de sa responsabilité directe de président dont les choix répressifs ont conduit à la mort de Nahel. Il a pointé le meurtre et assuré que l’enquête rétablirait la justice.
Mais le macronisme connaît trop la manipulation de l’action/réaction et de l’accusation de la réaction. Le macroniste agit mal, provoque donc une réaction forte, et pointe du doigt la réaction pour déresponsabiliser son action, pourtant bien à l’origine de la réaction.
Macron dévie la cause du problème sur le problème lui-même
Les émeutes ont été causées par le meurtre policier de Nahel. La logique pure voudrait donc que pour éviter de futures émeutes, Macron travaille sur le problème des violences policières et de l’impunité de la police. Mais cela irait à l’encontre de toute sa politique sécuritaire. Surtout qu’il martèle quelque chose de très inquiétant depuis le début de son mandat : Le policier possède la violence légitime, pas le citoyen. Donc le policier a raison dans tous les cas. Peu importe la violence, peu importe les conséquences. La justice.. Quelle justice ?
Qualifions tout cela du terme générique « problème ». Nous avons donc le « problème » qui a conduit aux émeutes. Il faudrait donc régler ce « problème » pour régler les émeutes. Mais Macron a peu a peu dévié sa responsabilité sur celle des émeutiers. Il préfère prétendre régler les émeutes plutôt que le « problème ». En médecine on appelle cela le préventif et le curatif, ce qui a donné la célèbre expression « mieux vaut prévenir que guérir ».
Emmanuel Macron, qui nous fait souvent part de sa large culture en mots Français désuets et inutiles, tout juste passablement rigolos, semble ignorer cette expression pourtant si juste et si valable.
Pour celui qui s’imagine comme maître du peuple plutôt qu’en président, il est impensable que le peuple ait une raison légitime de se rebeller. Le maître du peuple ne fait jamais d’erreur, pourquoi les Français auraient alors droit de se rebeller ? Dans cette logique il ne soigne jamais les causes des rebellions, puisque ce serait reconnaître ses propres erreurs, il n’a d’autre solution que de réprimer violemment les rebellions successives, qui se multiplient à mesure que les Français s’appauvrissent, que les écoles et les hôpitaux tombent en ruine.
Peu importe la cause de l’hémorragie, Macron se contente de superposer des couches de pansements
Il a réussi à médiatiquement dévier le « problème ». Après avoir assuré en avoir pris conscience, juste après la diffusion des images, plusieurs mois plus tard il a fait exactement l’inverse : Il utilise les émeutes pour montrer que le peuple doit être encore plus durement réprimé. Donc il y aura encore plus de Nahel, et donc encore plus d’émeutes.
C’est une boucle sans fin d’action/réaction, ou répression → bavures, bavures → émeutes, et émeutes → répression, et ainsi de suite.
A noter que la manipulation d’action/réaction est très utilisé politiquement. Par exemple en manifestation les policiers viennent délibérément provoquer les manifestants pour provoquer des réactions violentes. Ces réactions violentes de manifestants sont filmées pour décrédibiliser les manifestations, pour « prouver » que les manifestants sont violentes, et légitimer les violences policières contre les manifestants. Violences policières qui provoquent la réaction des manifestants, et ainsi de suite…
Alors, plusieurs mois après, quel bilan ?
Dans le débat public on ne parle plus du « problème ». Ni des violences policières, des caméras-piétons, de la conduite des policiers dans certains situations. Ni du plus profond problème des émeutes, l’emploi, la misère, la désocialisation, la discrimination, les déserts éducatifs et médicaux. Pour les politiciens hors-sol, impossible d’imaginer qu’il faille un boulot, de l’argent, un toit, une école et un hôpital pour vivre normalement et ne pas se rebeller. La droite large le dit, les « quartiers » comme ils les appellent, héberge des « sauvages ». Les origines des émeutes seraient donc ailleurs … et c’est généralement là qu’ils tombent dans leurs plus sombres théories fumeuses.
On parle seulement de répression, du problème de la délinquance, de comment punir, encore et toujours, emprisonner, faire des stages, encadrer, faire des TIG, etc …
Quand on a plus de boulot, plus d’argent, plus d’éducation, plus de santé, qu’est-ce qui reste dans la botte de Macron pour faire marcher droit le peuple ? La peur et la répression.
Non seulement la mort de Nahel n’a servi à rien, mais les politiciens l’ont même instrumentalisée pour exiger encore plus de répression. Il faut les comprendre, quand on a une voiture de luxe et un chauffeur payé par le contribuable, aucun risque de se faire tirer dessus par un policier.